Séminaire D2I2
La crise de la biodiversité sonnera-t-elle le glas de la théorie économique avant celui du monde ?

19h30
4 juin 2019

LPNHE, salle des séminaires
Ⓜ Jussieu

Économie, Physique et Environnement : comment repenser les rapports entre économie et principes physiques à l’aune de la crise environnementale ?

Par Hadrien Lantremange, doctorant au Centre d’Economie de l’Université Panthéon-Sorbonne

 

Début mai, le IPBES, la « Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques », surnommé le « GIEC de la biodiversité », rendait publique son évaluation de l’état du monde naturel. Le constat dressé est alarmant, quoique guère surprenant tant il vient corroborer une liste à présent longue d’avertissements passés : « l’annihilation biologique » suit son cours, la sixième extinction creuse sa marque à une échelle planétaire, menaçant le fragile équilibre écologique dont l’homme dépend encore.

La théorie économique a-t-elle pris la mesure de l’énormité du phénomène, elle dont la tâche fondamentale est précisément d’assurer la perpétuation des moyens de subsistance des sociétés humaines ? A l’évidence, pas du tout. Plus de quarante ans après les conclusions du Club de Rome, qui constituait en quelques sortes l’un des premiers avertissements (d’ailleurs assez malvenu), la discipline peine à proposer des formes de modélisation macroéconomique à la hauteur de l’enjeu. Il convient de s’interroger sur les raisons méthodologiques et épistémologiques à ce manquement. Et de se poser cette question : quelle forme d’ancrage physique permettra d’assurer une modélisation adéquate des interactions économie-environnement ?

En particulier, il a été cru que les développements récents de la thermodynamique des systèmes hors équilibre fourniraient matière à un renouveau épistémique, dans la continuité des travaux novateurs de Georgescu-Roegen, qui voyait l’entropie thermodynamique comme cause fondamentale de la raréfaction des ressources et de la pollution. Après une certaine effervescence dans le courant des années 1990 et 2000, le bilan est plutôt mitigé : aucune alternative n’est parvenue à se distinguer véritablement. Le processus est-il toujours en cours, ou l’économie a-t-elle tiré de la thermodynamique tout ce qu’elle pouvait y trouver ? Peut-on encore croire en économie à une révolution épistémologique inspirée de la physique statistique, un siècle après que la physique classique a déterminé l’émergence de l’économie moderne ?

 

Rendez-vous à 19h30 au LPNHE (salle des séminaires, entrez dans la tour 12 puis descendez d’un étage) sur le campus de Jussieu !